actu.geo.fr Open in urlscan Pro
23.199.223.80  Public Scan

Submitted URL: https://wtm.monde-decouverte.fr/r/eNqFkklv2zAQhX+NelMkkuKiQ1BEUb3HcOzEanwxKC6Sam2WqMjOry/dFgEKFCjAw8x87w2JB44e8wnEzJNEcgy04JwGSg...
Effective URL: https://actu.geo.fr/aventure/approcher-des-ours-polaires-oui-c-est-impressionnant-219250?utm_source=welcoming&utm_me...
Submission: On March 31 via api from BE — Scanned from FR

Form analysis 0 forms found in the DOM

Text Content

Geo


"APPROCHER DES OURS POLAIRES, OUI, C'EST IMPRESSIONNANT"

Sébastien Desurmont 23/03/2024, 17:50 Aventure
Voir le diaporama

LA PREMIÈRE FOIS, ON A LA CHAIR DE POULE, ET, SOYONS FRANCS, TOUTES LES AUTRES
FOIS AUSSI… LE PHOTOGRAPHE FLORIAN LEDOUX DÉTAILLE SES ÉMOTIONS FACE À CE
SUPERPRÉDATEUR DONT LA SURVIE DÉPEND DE LA BANQUISE.



Après des centaines de rencontres, on continue de se sentir tout petit face à
ces animaux puissants et majestueux. Un mâle mesure jusqu’à trois mètres en
position debout et pèse entre 400 et 600 kilos. La femelle fait jusqu’à deux
mètres de haut pour 200 à 300 kilos. Alors pas question de prendre des risques
quand je vais les photographier.

Avec Oskar, tout est cadré ; chaque geste, chaque pas vers l’ours est réfléchi.
J’obéis toujours aux directives de mon guide, car il connaît mieux que quiconque
leur fonctionnement, et analyse en un quart de seconde les signaux qu’ils nous
envoient. L’animal a toujours conscience de notre présence, il faut juste qu’il
comprenne qu’on ne constitue ni une proie, ni un prédateur, et qu’on ne veut pas
non plus jouer avec lui.





PATIENCE ET PRUDENCE, DEUX QUALITÉS POUR OBSERVER DES OURS POLAIRES

Nous réussissons parfois à être positionnés assez près, entendre sa respiration,
sentir son regard sur nous. Mais pour cela, la clé est de ne pas se précipiter.
Il faut un long travail d’approche pour se faire un peu oublier, se fondre dans
son paysage. Capter une scène de chasse, une parade nuptiale, l’allaitement des
oursons, tout cela prend des semaines, parfois des mois.

Au début, après avoir identifié un ours, on se place devant lui, à des
kilomètres, et on attend qu’il se rapproche progressivement. Nous essayons de
nous assurer qu’il nous accepte. Si nous sentons qu’il réagit mal, nous cessons
de l’observer, même de loin. S’il ne veut pas être la star, pas question de le
forcer ! Beaucoup sont curieux, s’approchent, identifient notre odeur, puis
s’éloignent. S’ils viennent trop près, on se met debout sur les motoneiges, on
tape dans nos mains, on crie, pour les éloigner, pour qu’ils comprennent que les
humains, ce n’est pas pour leur repas, et qu’il ne faut pas qu’ils entrent dans
nos cabanes ou le camp de base. Si besoin, on fait ronfler le moteur. En
général, ça suffit. Il est très rare qu’on soit obligé de démarrer et de
s’enfuir.




SUR LA BANQUISE, L’HORLOGE BIOLOGIQUE EST BOULEVERSÉE

La banquise ça use, chaque image est une bataille, au cours de laquelle on
repousse ses limites, avec un coût physique à payer.

Cet hiver, j’ai eu un sourcil et les joues gelés ! Le corps s’épuise à combattre
le froid. L’obscurité, le manque de sommeil, les faibles niveaux de vitamine D
affectent aussi. Quand on est sur le terrain en février, on a très peu de
lumière. Le soleil passe au-dessus de l’horizon vers midi puis il fait noir à
14 heures ou 15 heures. Cela bouleverse l’horloge biologique. Puis, à partir
d’avril, tout change, vous ne voyez plus les étoiles mais le soleil de minuit
s’impose peu à peu. La luminosité crée alors une palette de couleurs
extraordinaires, avec des nuances de bleu et de rose qui scintillent à
l’horizon. Au retour, on paie "cash" le coût mental de plusieurs mois
d’expéditions.




Quand je reviens à Tromsø, en Norvège, où je vis, je passe en général par une
petite période de dépression. Tous les aventuriers ressentent cela : un grand
vide, une fatigue après l’adrénaline du voyage, des difficultés à supporter le
bruit incessant du monde moderne. On se raccroche à l’idée qu’il faut entretenir
sa forme et son moral pour repartir bientôt.

➤ Article paru dans le magazine GEO n°540, Le Vietnam, de février 2024.

➤ Pour voir tous les numéros de GEO disponibles à l’unité, c’est par ici ! Vous
êtes déjà fidèle au contenu GEO ? Alors pour ne rien manquer, découvrez nos
formules d'abonnement pour recevoir chaque mois GEO chez vous en toute
simplicité.


Magazine GEO
LIRE LE CONTENU DE L'ARTICLE
© Florian Ledoux





CONDITIONS GÉNÉRALES D'UTILISATION PUBLICITÉ MENTIONS LÉGALES TOUS VOS MAGAZINES
ABONNEMENT MAGAZINE CHARTE POUR LA PROTECTION DES DONNÉES PERSONNELLES
PARAMÉTRER VOS COOKIES

© 2024 Prisma Media - Tous droits réservés
Un site du groupe Prisma Media