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Geo CE MYSTÈRE GÉNÉTIQUE QUI ENTOURE L'ÉVOLUTION DE LA TOMATE DEPUIS 125 MILLIONS D’ANNÉES ENFIN PERCÉ ? Charline Vergne 06/03/2024, 6:13 - modified 06/03/2024, 7:09 Sciences Voir le diaporama LES CONCLUSIONS D’UNE ÉTUDE PUBLIÉE DANS LA REVUE SCIENTIFIQUE "PLOS GENETICS" NOUS INFORMENT DE L’EXISTENCE D’UN GÈNE, BAPTISÉ "CLV3", QUI SERAIT AU CŒUR D’UN MYSTÈRE GÉNÉTIQUE QUI ENTOURE LES PLANTS DE TOMATES DEPUIS UNE CENTAINE DE MILLIONS D’ANNÉES. C’est une information qui vous étonnera peut-être mais les plantes, au même titre que les êtres humains, disposent de leur propre évolution génétique. Récemment, une équipe du Cold Spring Harbor Laboratory (CSHL), dirigée par le chercheur Zachary Lippman, a percé un mystère qui entourait la tomate depuis, déjà, 125 millions d’années. Les scientifiques ont fait part de leurs observations dans une étude publiée dans la revue PLOS Genetics. S’affairant à décoder les différences génétiques complexes entre les plants de tomates et ceux d’une espèce de plantes à fleurs appelée Arabidopsis thaliana (aussi connue sous les noms d'"arabette des dames" et "arabette de Thalius"), ces experts sont parvenus à des résultats qui témoignent de la complexité de la génétique végétale, et qui pourraient être la clé d’une meilleure compréhension de la façon dont les plantes régulent leurs gènes. En définitive, cela signifie qu’il pourrait être possible, en s’y prenant bien, d’obtenir demain des récoltes parfaites. LE GÈNE CLV3 AU CŒUR DE CE MYSTÈRE GÉNÉTIQUE Depuis que ce laboratoire a joué un rôle central dans le séquençage du premier génome végétal, la génomique végétale a considérablement évolué. Néanmoins, la quête visant à manipuler les caractéristiques des cultures par le biais de mutations de l’ADN demeure, pour ces chercheurs, un défi. Les scientifiques ont concentré leurs efforts sur la compréhension des raisons pour lesquelles des mutations identiques de l’ADN, observées dans différentes plantes, ne produisaient pas systématiquement les caractéristiques souhaitées des cultures. Après avoir observé des plants de tomates et de l’espèce de plantes à fleurs mentionnée plus haut, ils ont constaté que la clé se trouvait dans les systèmes de régulation. Concrètement, les tomates et l’Arabidopsis thaliana peuvent en utiliser des différents pour contrôler le même gène. Les spécialistes ont aussitôt attribué ce comportement à des transformations génétiques extrêmes survenues au cours des 125 millions d’années d’évolution qu’a connues la tomate. Les scientifiques ont eu recours à l’édition du génome pour créer plus de soixante-dix souches mutantes de plants de tomates et d’Arabidopsis thaliana. Chaque nouvelle mutation supprimait un morceau d’ADN régulateur autour d’un gène appelé CLV3. Ensuite, ils ont analysé l’effet de chaque mutation sur la croissance et le développement des plantes. Lorsque l’ADN contrôlant CLV3 était muté de manière excessive, la croissance des tomates explosait. "[Le gène] CLV3 aide les plantes à se développer normalement. S’il n’était pas sollicité à un moment bien précis, les plantes auraient un aspect très différent. Tous les fruits seraient de taille disproportionnée et inadéquate, vulgarise Danielle Ciren, diplômée de l’École des sciences biologiques du CSHL et qui a pris part à cette étude, dans un communiqué. Il est nécessaire d’équilibrer croissance et rendement. Si une plante génère des tomates géantes, mais seulement deux, est-ce aussi bénéfique qu’un rendement inférieur ? La solution miracle n’existe pas. Vous sacrifiez toujours quelque chose en essayant d’apporter une amélioration." DES QUESTIONS ENCORE EN SUSPENS De manière surprenante, cette étude a révélé que les deux espèces végétales utilisaient des systèmes de régulation très différents pour contrôler le même gène. Cette différence serait liée à la refonte et à l’amélioration génétiques survenues au cours d’une évolution massive de 125 millions d’années. Ce qui s’est passé est une énigme. "On ne peut pas remonter à l’ancêtre commun [des tomates et des plantes à fleurs], car il n’existe plus. Il est difficile de dire quel était l’état d’origine et comment les choses ont évolué, poursuit Danielle Ciren. L’explication la plus simple est qu’il existerait un élément régulateur qui aurait été conservé dans une certaine mesure et qui a été modifié de manière subtile [chez l’une des espèces]. C’est un peu inattendu." Ce qui est certain, c’est que la régulation génétique n’est pas uniforme entre les espèces végétales. La découverte de ces différences génétiques pourrait contribuer à rendre l’ingénierie du génome des cultures plus prévisible à l’avenir. Ce serait une victoire du point de vue de la science, mais également pour les sélectionneurs de plantes et les agriculteurs. Les implications de cette recherche sont considérables : si les chercheurs parvenaient à percer les secrets de la non-uniformité de la régulation génétique entre les espèces végétales, notre approche de l’ingénierie du génome des cultures en serait modifiée. GEO (avec 6medias) LIRE LE CONTENU DE L'ARTICLE © Getty Images / Alexander Spatari CONDITIONS GÉNÉRALES D'UTILISATION PUBLICITÉ MENTIONS LÉGALES TOUS VOS MAGAZINES ABONNEMENT MAGAZINE CHARTE POUR LA PROTECTION DES DONNÉES PERSONNELLES PARAMÉTRER VOS COOKIES © 2024 Prisma Media - Tous droits réservés Un site du groupe Prisma Media