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LES RÉCENTES DÉCOUVERTES ARCHÉOLOGIQUES BOUSCULENT NOS CONNAISSANCES DE
L'HISTOIRE !

Olivier Voizeux 01/06/2024, 7:00 Histoire
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SI NOMBRE DE MYSTÈRES SUBSISTENT, LES CHANTIERS DE FOUILLES OPÉRÉS AUX QUATRE
COINS DU MONDE NE CESSENT DE BOUSCULER NOS CONNAISSANCES.



Endurer la jungle, slalomer entre les pièges et s’emparer du trésor. Dans
l’évangile selon Indiana Jones, héros de la saga cinématographique américaine,
c’est cela être archéologue. Mais entre deux expéditions, "Indy" est aussi
enseignant et passe son temps dans les bibliothèques, le nez dans les livres et
les cartes. "Comme lui, les archéologues ne découvrent pas "par hasard", relève
Dominique Garcia, président de l’Inrap, l’organisme scientifique français chargé
des fouilles de sauvegarde. Ils ont des programmes de recherche qui peuvent
aboutir au bout de plusieurs décennies seulement." Songeons que les premières
fouilles de Pompéi ont démarré en 1748, et que l’on continue d’y dénicher des
splendeurs… Même chose en Égypte ou au Proche-Orient, où il suffit
vraisemblablement de gratter la terre pour mettre au jour un temple ou une
momie. Mais d’autres zones s’ouvrent aujourd’hui aux chercheurs – l’Amazonie, la
mer Baltique –, aidés par les progrès techniques considérables des dernières
années (lidar, intelligence artificielle…) et, parfois, par les effets
inattendus du réchauffement climatique.




> Tour du monde en photos des merveilles récemment découvertes


ARABIE SAOUDITE : LA CITÉ D’HÉGRA, PETITE SŒUR DE PÉTRA

La cité d’Hégra, au nord-ouest de Médine, comporte des tombeaux monumentaux
datant du Ier siècle avant J.-C. au Ier siècle de notre ère. Inscrits au
patrimoine mondial de l’Unesco, ils ont été creusés dans le grès par les
Nabatéens, qui se sont inspirés de Pétra (Jordanie). Depuis 2002, un programme
franco-saoudien, placé notamment sous l’égide du ministère des Affaires
étrangères, explore le site.


POMPÉI : ENCORE DE NOUVELLES DÉCOUVERTES !

Entre l’an 79, date de son ensevelissement par le Vésuve, et sa redécouverte au
XVIIIe siècle, Pompéi a été figée dans les matières volcaniques. On estime
aujourd’hui que deux tiers de la cité romaine intra-muros ont été mis au jour.
L’avenir nous promet donc encore de belles trouvailles. Toutefois, depuis
quelques années, ce sont souvent les aléas qui guident les découvertes.



En 2018, les carabiniers sont intervenus dans le quartier hors les murs de
Civita Giuliana pour mettre fin à des pillages dans une villa antique. Depuis,
les archéologues y ont dévoilé un char cérémoniel, une chambre d’esclave, et ont
pu mouler en plâtre le corps d’un cheval conservé en creux dans les cendres
indurées. Les travaux de consolidation sont aussi l’occasion de trouver des
éléments décoratifs. Comme le rappelle Sandra Zanella, maîtresse de conférences
en archéologie à l’université Côte d’Azur, "peu de sites au monde rassemblent
autant de mosaïques, de peintures à traiter en permanence. Cette cité a besoin
d’un entretien constant pour survivre".




En 2017, les fouilles à proximité d’un bâtiment moderne ont permis d’exhumer un
tombeau, peut-être celui du notable Cnaeus Alleius Nigidius Maius. Son éloge
funéraire a provoqué émoi et stupéfaction au sein de la communauté scientifique
: il y est question d’un banquet réunissant 6 840 convives masculins, tous
citoyens de Pompéi. Cela pourrait signifier que la ville comptait quelque 30 000
habitants, soit le double des estimations les plus hautes. L’évaluation de sa
population servant par ailleurs à estimer celle des autres cités romaines, cette
inscription cache un potentiel que Sandra Zanella n’hésite pas à qualifier de
"révolutionnaire".




LA CITÉ DE GIRSU : DÉCOUVERTE DES VESTIGES D'UN SANCTUAIRE ET D'UN PALAIS ROYAL

Correspondant aujourd’hui au site archéologique de Tello, en Irak, la cité de
Girsu fut l’une des plus prospères de l’époque sumérienne (entre -2900 et
-2340). Explorée au début du XXe siècle, elle a révélé des milliers de tablettes
d’argile couvertes d’écriture cunéiforme. On craignait que les fouilles bâclées
et les guerres n’aient détruit tout vestige du palais royal. Or, au cours d’une
mission pilotée par le British Museum, des vestiges en terre crue ont été
retrouvés grâce à l’emploi de drones et de radars. Mieux : un sanctuaire dédié
au dieu Ningirsu a été mis au jour. D’autres découvertes sont attendues.





LE SAN JOSÉ : UN TRÉSOR DE PLUSIEURS MILLIARDS D’EUROS

Le San José est peut-être l’épave la plus précieuse au monde. Ce galion espagnol
coulé en 1708 par les Britanniques dans les eaux territoriales colombiennes gît
aujourd’hui par 600 mètres de fond, et l’Espagne et la Colombie négocient
férocement les modalités du partage. La valeur de la cargaison – or, argent et
pierreries – est estimée à plusieurs milliards d’euros.


LA SERRANÍA DE LA LINDOSA : UNE "CHAPELLE SIXTINE DE LA PRÉHISTOIRE"

Médiatisée par un documentaire télévisuel en 2020, la découverte a marqué les
esprits. En Amazonie colombienne, dans la serranía de La Lindosa, une équipe
d’archéologues a déniché sur des parois rocheuses plusieurs dizaines de milliers
de représentations humaines et animales, pour l’essentiel réalisées dans une
teinture rouge s’oxydant en brun. L’emballement pour ce lieu vite surnommé
"chapelle Sixtine de la préhistoire" a occulté quelques détails. Non loin de là,
le parc national de Chiribiquete est déjà connu pour abriter par milliers des
peintures rupestres très comparables. Surtout, la datation proposée (elles
auraient 12 500 ans) divise les spécialistes. Les découvreurs du site pensent y
avoir identifié un paresseux géant, un gomphothère (une espèce proche de
l’éléphant, aujourd’hui éteinte), un camélidé et des chevaux. Des mammifères qui
existaient à l’âge de la pierre. Mais certains estiment que ces œuvres, exposées
à l’air libre, sont trop bien conservées pour être aussi anciennes. D’autres,
s’appuyant sur le nombre de griffes ou la présence d’antennes, jugent qu’il
s’agit davantage de figurations mythologiques. Si le caractère spirituel du lieu
était démontré, le parallèle avec la chapelle Sixtine serait alors plutôt
justifié.




ÉGYPTE : DÉCOUVERTE DE CITÉS ENTIÈRES

Si l’on excepte la région du delta du Nil, le sol et le climat d’Égypte
favorisent la conservation des vestiges archéologiques. Voilà pourquoi des sites
connus de longue date, comme la nécropole de Saqqarah, au sud du Caire,
continuent de se montrer féconds. En 2020, pas moins de 250 sarcophages de
l’époque tardive (IIIe-VIIe siècles) en ont par exemple été extraits. La
découverte la plus prometteuse remonte à 2021 : à proximité de l’ancienne
capitale, Thèbes (aujourd’hui Louxor), une ville entière est sortie de terre.
Des inscriptions ont permis de connaître son nom – "L’Ascension d’Aton" – et de
dater sa fondation vers 1400 avant J.-C., sous le règne d’Amenhotep III. Une
cité engloutie par les eaux Découvrir une cité n’est d’ailleurs pas si rare. En
2023, une ville de l’époque romaine a été repérée non loin de Louxor. En 2000,
c’est la mythique Thônis-Héracléion qui avait été localisée… au fond de la
Méditerranée, à près de sept kilomètres des côtes ! Jadis florissant, ce port
emporté par un glissement de terrain et noyé par la montée des eaux a dévoilé
aux archéologues sous-marins des céramiques attestant de la pratique des cultes
religieux grecs à l’époque lagide (-323 à -30). À la différence du tombeau de
Toutankhamon, ces sites n’ont pas révélé de trésors spectaculaires. Cela ne fait
pas l’affaire du gouvernement égyptien, pour qui le tourisme est une ressource
vitale, mais les spécialistes, eux, sont ravis. Les objets du quotidien ouvrent
une fenêtre sur la vie de l’Égyptien moyen, là où l’or et l’albâtre évoquent en
général des nantis.





ALLEMAGNE : UNE ÉPÉE DE BRONZE EN PARFAIT ÉTAT

Alliage de cuivre et d’étain, le bronze s’oxyde en général avec le temps et
devient mat. Or cette épée exhumée en 2023 rutile encore malgré les trois mille
ans passés dans une tombe à Nördlingen (Bavière). Sa lame de bronze a été moulée
et, plus étonnant, sa riche poignée octogonale a elle-même été coulée autour de
la lame. Si aucun impact n’est visible, son équilibrage ne fait aucun doute :
elle a été fabriquée pour le combat.


CHINE : DES PATINS À GLACE EN OS VIEUX DE 3500 ANS DÉCOUVERTS À XINJIANG

En 2022, la découverte de peintures rupestres au Xinjiang, province du
Nord-Ouest de la Chine, laissait déjà entendre qu’on y chassait à ski durant la
préhistoire. Dans une tombe de cette même région, des os de bœuf et de cheval
vieux de 3 500 ans ont été identifiés comme des lames de… patins à glace ! Des
trous permettaient d’y glisser des lanières de cuir pour les fixer aux pieds.
Leur forme est quasi identique à ceux de la même époque retrouvés en Europe, ce
qui pourrait témoigner des échanges entre l’Orient et l’Occident au cours de
l’âge du bronze.




TURQUIE : LES IMMENSES STRUCTURES MÉGALITHIQUES DU SITE DE GÖBEKLI TEPE

Le site de Göbekli Tepe, dans le Sud de la Turquie, présente des structures
mégalithiques monumentales, érigées au début du néolithique (11 000 ans avant
notre ère). Dans ce sanctuaire se réunissaient des groupes de
chasseurs-cueilleurs. En 2023, sa collection de sculptures s’est enrichie d’une
statue de sanglier grandeur nature présentant des traces de pigments, et surtout
de celle d’un personnage masculin de 2,30 mètres, au visage sculpté de façon
étonnamment réaliste pour son temps. La communication délivrée par le ministère
turc de la Culture a fait l’impasse sur un détail : l’homme tient son pénis à
deux mains, ce qui pourrait faire de lui un symbole procréateur.





SYRIE ET IRAK : PRÈS DE 400 FORTS ROMAINS VUS DU CIEL

Dans les années 1920, le pionnier de l’archéologie aérienne Antoine Poidebard
avait repéré depuis son avion les restes de 116 forts romains disséminés entre
la Syrie et l’Irak. En 2023, une équipe américaine en a découvert 396 autres. Et
sans consommer un litre d’essence. Elle a utilisé des photos prises entre 1960
et 1986 par des satellites espions américains. Ces clichés noir et blanc
couvrant quelque 300 000 kilomètres sont aujourd’hui déclassifiés et accessibles
aux chercheurs.


FRANCE : LES FRAGMENTS D'UN JUBÉ DÉCOUVERTS SOUS NOTRE-DAME DE PARIS



Pour reconstruire la flèche de Notre-Dame de Paris détruite par l’incendie de
2019, un échafaudage a dû être monté à l’intérieur de l’édifice, au niveau de la
croisée du transept. Au préalable, des fouilles ont été diligentées en 2022.
Surprise : les archéologues ont exhumé des morceaux du jubé, monumentale clôture
de pierre qui, au Moyen Âge, séparait le clergé des fidèles. S’il a été détruit
sous Louis XIV, certains fragments ont été enterrés avec soin sous la
cathédrale. Les traces de polychromie et de feuilles d’or sur les statues
donnent une idée plus précise de sa structure originelle.


SOUDAN : DÉCOUVERTE DE FRESQUES MÉDIÉVALES CHRÉTIENNES À DONGOLA




Au Moyen Âge, la Makurie (située dans l’actuel Soudan) était un royaume chrétien
et prospère. Une équipe polonaise vient de découvrir dans l’ancienne capitale,
Dongola, des fresques du XIIIe siècle. On y voit notamment l’archange Michel
donner l’accolade à un souverain. Un geste étonnant car les interactions entre
l’humain et le divin n’étaient alors pas représentées dans l’art. Il pourrait
s’agir d’une commande de David, roi de Makurie, pour implorer le ciel d’aider
son pays menacé par une invasion égyptienne. Elle n’a pas eu l’effet escompté.


ANGLETERRE : UN COLLIER VIEUX DE 1 300 ANS

L’une des découvertes archéologiques les plus spectaculaires de 2022 est un
bijou vieux de 1 300 ans composé d'au moins 30 perles et pendentifs faits de
verre, de pièces de monnaie romaines, d’or et de grenat. Le collier a été trouvé
dans une tombe près de Northampton, sans doute celle d’une personnalité de haut
rang de l’Angleterre saxonne.




ÉTATS-UNIS : DES EMPREINTES DE PAS FOSSILISÉES DATÉES DE 23 000 ANS

En 2021 était rendue publique la découverte d’empreintes de pas fossilisées au
Nouveau-Mexique (États-Unis). Les premiers humains à fouler le sol
nord-américain auraient laissé ces traces il y a 21 000 à 23 000 ans. Contestée
à l’époque, la datation a été confirmée en 2023. Jusque-là, Homo sapiens était
supposé avoir conquis l’Amérique il y a 14 000 ans.


ITALIE : LES STATUES EN BRONZE DE SAN CASCIANO DEI BAGNI

Au milieu des centaines d’objets mis au jour entre 2020 et 2022 dans la cité
balnéaire de San Casciano dei Bagni, en Italie, les archéologues ont trouvé deux
douzaines de statues en bronze parfaitement conservées. Leur secret de jouvence
? La boue des anciennes sources thermales dans laquelle elles étaient immergées.
Ces dépôts votifs furent offerts aux divinités par des Étrusques et des Romains
avec l’espoir d’une guérison. Ce qui invite à réexaminer les rapports entre ces
deux peuples, dominés par les conflits.





ALASKA, NORVÈGE...LE CHANGEMENT CLIMATIQUE RÉVÈLE DES MERVEILLES

En France comme ailleurs, les effets du réchauffement rendent les sites
archéologiques vulnérables. Inondations et glissements de terrain menacent les
vestiges. Mais dans les zones englacées, de nouvelles opportunités apparaissent.
En Alaska, dès le milieu des années 2000, la fonte du pergélisol a fait émerger
de nombreux artefacts des communautés inuits yupik remontant au XVIIe siècle.
Masques, poupées en bois, aiguilles en ivoire… Assez pour remplir un nouveau
musée (à Quinhagak) et remobiliser le peuple yupik autour de la vie de ses
ancêtres.



En Norvège, les étés chauds décapent chaque année un peu plus les glaciers du
massif du Jotunheimen. Résultat : des objets datant d’une période comprise entre
l’âge du bronze et l’an 1500 ont refait surface.

Dans les Alpes, le même phénomène est observé. Toutefois, une contrainte pèse
sur les archéologues qui ne peuvent travailler qu’à la belle saison : il faut
œuvrer dans l’urgence, avant qu’il ne soit trop tard. "Souvenez-vous de la
découverte en 1991 du corps d’Ötzi, cet homme du néolithique, à la frontière
entre l’Autriche et l’Italie, remarque Jean-Paul Demoule, de l’université Paris
1 Panthéon-Sorbonne. Par un heureux hasard, il y a eu des promeneurs à ce
moment-là. Mais il y aurait pu n’y avoir personne. Il se serait décomposé à
l’air libre."




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© MORANDI Tuul et Bruno / hemis.fr





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