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MALADIE DE PARKINSON: LA STIMULATION CÉRÉBRALE PROFONDE POUR LIMITER LES
SYMPTÔMES

J'écris un commentaire
 * Chirurgie
 * Maladie de Parkinson

Publié le 11/04/2024 à 03h45 - Mise à jour le 11/04/2024 à 05h45 par  Oihana
Gabriel - Lecture en 6 min Ajouter à votre selection

© Adobe Stock

Il existe de nombreux traitements dans la maladie de Pakrinson, qui peuvent
limiter les symptômes, mais pas guérir. La stimulation cérébrale profonde est
une opération chirurgicale très efficace, qui a connu des améliorations ces
dernières années. On fait le point sur cette technique à l'occasion de la
Journée mondiale de la maladie de Parkinson.


SOMMAIRE
 1. Qu'est-ce que la maladie de Parkinson?
 2. Qu'est-ce que la stimulation cérébrale profonde?
 3. Quels sont les résultats de cette stimulation cérébrale profonde?
 4. Qui peut être éligible à cette chirurgie?
 5. Quelles ont été les évolutions récentes pour la stimulation cérébrale
    profonde?

La maladie de Parkinson est la deuxième maladie neurodégénérative la plus
courante derrière la maladie d'Alzheimer. Si pendant plusieurs années, les
médicaments peuvent faire effet pour limiter les symptômes handicapants, en
seconde ligne, la chirurgie est une solution efficace. Notamment avec la
stimulation cérébrale profonde. Une technique mise au point au CHU de Grenoble
dès la fin des années 1980. Mais qui s'est affinée ces dernières années. Pour
quels patients cette neurostimulation est-elle adaptée? Avec quels résultats?
Quelles ont été les évolutions récentes de cette technique de pointe? On vous
dit tout.

Lire aussi > Maladie de Parkinson: et si on prenait mieux en compte l'activité
physique dans le parcours de soin?




QU'EST-CE QUE LA MALADIE DE PARKINSON?

C'est une maladie neurodégénérative qui touche les fonctions motrices. En effet,
certains neurones qui produisent la dopamine, molécule qui permet aux neurones
de communiquer entre eux, disparaissent. Ce qui provoque une difficulté à
commencer un mouvement, un ralentissement des gestes, une rigidité des muscles
et des tremblements qui surviennent au repos. Des signes qui peuvent
s'accompagner d'autres désagréments, notamment des douleurs, troubles du
sommeil, problèmes d'équilibre, constipation, dépression…


La maladie de Parkinson touchait selon Santé Publique France environ 175 000
Français en 2020 et 26 000 nouveaux cas sont déclarés chaque année en moyenne.
Avec une évolution alarmante: le nombre de malades a doublé en 25 ans. Sa
fréquence augmente avec l'âge entre 50 et 80 ans avec un pic entre 85 et 89 ans.
Mais près d'un malade sur 2 est diagnostiqué à 58 ans en moyenne et 17% des
malades ont moins de 50 ans.

Lire aussi > 8 idées reçues sur la maladie de Parkinson à bousculer




QU'EST-CE QUE LA STIMULATION CÉRÉBRALE PROFONDE?

C'est une technique chirurgicale qui a plus de 30 ans, qui n'intervient qu'après
plusieurs années de traitement médicamenteux, entre 5 et 10 ans en moyenne,
quand ces derniers ne font plus assez effet.


Concrètement, l'opération consiste à ouvrir le crâne du patient et lui insérer
deux électrodes dans une structure profonde du cerveau afin de booster la
production de dopamine grâce à des impulsions électriques. Pour que ce
dispositif marche, il faut également un stimulateur électrique, avec une pile,
qui est, lui, implanté au niveau du thorax. Comment le médecin va pouvoir
modifier le courant électrique à distance, pour faire des réglages les plus fins
possibles? "On a une télécommande, qui ressemble à un iPad, grâce à laquelle on
va pouvoir modifier la force et la fréquence du courant, explique Michel
Lefranc, neurochirurgien au CHU d'Amiens.




QUELS SONT LES RÉSULTATS DE CETTE STIMULATION CÉRÉBRALE PROFONDE?

"La stimulation cérébrale profonde diminue les symptômes moteurs et permet de
réduire de 60 à 70% la prise de traitements médicamenteux, souligne Mélissa Tir,
neurologue au CHU d'Amiens. L'opération donne un second souffle au patient. On
ne guérit pas la maladie de Parkinson, mais c'est comme si on décalait la courbe
de sa progression pour se retrouver au début de la maladie." Si les résultats de
cette opération sont impressionnants, "parallèlement la maladie progressant, les
bénéfices vont s'estomper avec le temps", reprend-elle.


QUI PEUT ÊTRE ÉLIGIBLE À CETTE CHIRURGIE?

Cette technique chirurgicale ne peut pas être proposée à tous les patients
parkinsoniens. Voilà pourquoi ils devront passer d'abord un bilan d'éligibilité.
Un premier critère d'âge est assez limitant: on le proposera plutôt à des
patients âgés de moins de 70 ans, ou autour. "Mais ce n'est pas un seuil de 70
ans sur la carte d'identité!", nuance Mélissa Tir. "Notre cible, ce sont plutôt
des malades entre 50 et 75 ans, renchérit Michel Lefranc. Après, il n'est pas
impossible de les opérer, mais il existe des stratégies plus opportunes pour
eux."


Par ailleurs, ces patients ne peuvent souffrir ni de troubles cognitifs graves,
ni de problème d'équilibre que l'intervention pourrait aggraver. "La réponse au
traitement médicamenteux est un facteur prédictif de la réponse à la stimulation
cérébrale profonde", précise Mélissa Tir.

Autour de 15% des patients touchés par la maladie de Parkinson peuvent
bénéficier de cette opération. Et en France, environ 400 malades de Parkinson
sont implantés chaque année.


QUELLES ONT ÉTÉ LES ÉVOLUTIONS RÉCENTES POUR LA STIMULATION CÉRÉBRALE PROFONDE?

Pendant des décennies, la stimulation cérébrale profonde exigeait une opération
lourde, inconfortable et une hospitalisation longue. En effet, il fallait que le
patient reste éveillé pendant l'introduction des électrodes dans son cerveau
afin de guider le chirurgien. Une fois cette phase terminée, une deuxième
opération, cette fois sous anesthésie générale, permettait au chirurgien
d'implanter le stimulateur électrique.


Mais depuis quelques années, cette opération est devenue moins chronophage,
moins inconfortable et plus sûre. En particulier au CHU d'Amiens où un travail
sur le parcours de soin et différentes innovations technologiques ont accouché
d'une prise en charge plus légère depuis 3 ans.

Si l'assistance robotisée et l'amélioration de l'imagerie permettent des gains
de temps et de précision dans tous les centres équipés, le CHU d'Amiens est le
seul en France à disposer en routine d'une avancée majeure: le jumeau numérique.
Concrètement, c'est un logiciel qui digitalise un avatar du cerveau du patient,
prenant en compte son anatomie, ses symptômes, ses particularités et permettant
des stimulations virtuelles en amont de l'opération. "Tous les malades de
Parkinson n'ont pas les mêmes symptômes, reprend Michel Lefranc. Grâce à cet
avatar, on va faire des réglages précis, en 3D, avant, pendant et après
l'opération, ce qui évite de faire des tests sur le malade." En effet, dès le
lendemain de l'opération, les soignants peuvent modifier les réglages sur le
jumeau numérique, qui communique avec ceux de la stimulation cérébrale implantée
sur le patient.

Autant de technologies de pointe qui ont permis de réduire la durée de
l'hospitalisation. "Avant, c'était un parcours du combattant, reconnaît Mélissa
Tir. Aujourd'hui, au CHU d'Amiens, l'intervention dure moins de 4 heures et
l'hospitalisation 5 jours en moyenne, contre une opération de 10 heures avant et
une hospitalisation qui pouvait aller jusqu'à 3 semaines." Le suivi dans les
semaines et les mois suivant l'intervention est également allégé. "On a réussi à
réduire de 17 jours les hospitalisations sur une année pour ces patients",
complète son confrère. Pour lui, c'est un "bon en avant pour le confort et la
sécurité du patient". En effet, ce dernier n'a plus besoin d'arrêter ses
médicaments pendant l'opération et le suivi, ce qui était très handicapant.
Deuxième modification: aujourd'hui, le patient ne doit pas rester éveillé,
l'opération se réalise sous anesthésie générale. Enfin dernière modification,
qui s'applique à toutes les stimulations cérébrales profondes: "avant les piles
du dispositif étaient non rechargeables et il fallait les changer tous les 5
ans, reprend Michel Lefranc. Depuis 3 ou 4 ans, on a des piles qui sont
garanties entre 16 et 25 ans!"

Oihana Gabriel

Journaliste depuis une quinzaine d’années, elle a rejoint l’équipe du site de
Notre Temps en 2022. Elle écrit notamment sur les maladies méconnues ou mal
connues, les innovations en médecine et vous propose des conseils pratiques pour
prendre soin de vous. Dans la newsletter santé qu’elle envoie tous les lundi,
Oihana s’intéresse aussi aux questions posées par les lecteurs en matière de
santé. Elle s’intéresse aussi aux questions de société, dans lesquelles elle
aime introduire de la nuance… et esquisser des solutions.
 * 8 idées reçues sur la maladie de Parkinson à bousculer
 * Parkinson: une bactérie à l'origine de la maladie?

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